Chapitre 1 : comment un marché concurrentiel fonctionne-t-il ?

8 janvier 2021
in Partie 1 : Science économique
Première

Qu’est-ce que le marché ?

Le marché est une institution

Le marché est un lieu physique ou virtuel de rencontre entre l’offre et la demande d’un bien ou d’un service dans le but de réaliser un échange. Il aboutit à la fixation d’un prix d’équilibre.

Il existe des marchés différents :

  • sur le marché des biens et services, l’offre provient des entreprises qui produisent des biens et des services. La demande provient des consommateurs qui achètent des biens et des services (éventuellement ce peut aussi être des entreprises qui achètent des biens et des services)
  • sur le marché des capitaux, l’offre de capitaux émane des agents économiques qui souhaitent prêter de l’argent moyennant une rémunération par le taux d’intérêt qu’ils percevront. La demande de capitaux provient des agents économiques qui souhaitent emprunter de l’argent, ce qui leur coûtera des intérêts. Le taux d’intérêt est donc le prix sur le marché des capitaux ; il correspond à la rémunération des prêteurs et au coût pour l’emprunteur.
  • sur le marché du travail, l’offre de travail provient des travailleurs et la demande de travail provient des entreprises qui paient les salariés en échange d’heures travaillées. Le prix du travail, c’est le coût du travail, c’est-à-dire le salaire net + les cotisations salariales +les cotisations patronales.

Pour que le marché fonctionne il faut :

  • qu’il y ait des droits de propriété c’est-à-dire des droits garantis par l’Etat qui permettent à un propriétaire d’un bien ou d’une idée de l’utiliser, d’en tirer des revenus, de le transformer ou de le vendre sous certaines contraintes et restrictions définies par la loi.
  • qu’il y ait des autorités monétaires qui créent et assurent le contrôle d’une monnaie.
  • qu’il existe des règles formelles (des lois) et informelles (par ex la confiance) pour que les échanges soient équitables
  • qu’il y ait des autorités monétaires qui créent et assurent le contrôle d’une monnaie.
  • qu’il existe des règles formelles (des lois) et informelles (par ex la confiance) pour que les échanges soient équitables

Conclusion : le marché est une institution parce qu’il s’est construit progressivement à partir d’un ensemble de règles.

Le marché n’est pas forcément un marché de concurrence pure et parfaite

Il existe différentes structures de marché. 

Dans l’idéal, un marché devrait être un marché de concurrence pure et parfaite car c’est la situation la plus bénéfique au consommateur et au producteur. Les hypothèses à respecter pour qu’un marché soit un marché de concurrence pure et parfaite sont les suivantes :

AtomicitéSi les entreprises sont très nombreuses, elles vont chercher à baisser leur prix car les consommateurs vont chercher les prix les plus bas
Libre-entréeSi une nouvelle entreprise peut entrer à tout moment sur le marché, les entreprises en place vont chercher à baisser leur prix
Homogénéité des produitsSi les entreprises proposent le même produit, le seul moyen de se différencier est de proposer un prix plus bas
TransparenceSi les consommateurs savent à tout moment les prix proposés par toutes les entreprises et caractéristiques des produits, les entreprises vont chercher à baisser leur prix
Mobilité parfaite des facteurs de productionLes facteurs de production (le travail et le capital) doivent pouvoir se déplacer librement sans obstacle d’une séquence à une autre. Si, par exemple, il apparaît qu’une industrie devient moins rentable, les facteurs qui y sont utilisés doivent pouvoir être transférés vers une autre séquence, plus florissante et rémunératrice. Cela participe à l’atomicité et la fluidité du marché.

En situation de concurrence, les entreprises sont multiples et petites : elles ne peuvent influencer le marché, elles sont obligées de tenir compte de la concurrence pour fixer leur prix, elles ne peuvent pas imposer le prix qu’elles veulent aux consommateurs, car ceux-ci pourraient se tourner vers la concurrence. On dit qu’elles sont preneuses de prix.

Mais s’il n’y a qu’une seule entreprise vendeuse (c’est-à-dire lorsque l’hypothèse d’atomicité n’est pas respectée), on dit que le marché est un monopole. S’il y a un petit nombre d’entreprises très puissantes, il s’agit d’un oligopole. Dans ce cas, les entreprises sont faiseuses de prix car c’est elles qui décident du prix du marché.

 

L’équilibre sur le marché

L’équilibre est le résultat de la confrontation de l’offre et de la demande

a) Les déterminants de la demande

La demande émane des consommateurs. L’intérêt des demandeurs est d’acheter les produits au plus bas prix compte tenu de leur revenu.

Remarque : Il ne faut pas confondre le déplacement sur la courbe avec le déplacement de la courbe. 

-> Quand on se déplace sur la courbe, c’est que les prix varient et que cela fait varier les quantités demandées. L’inclinaison (la pente) de la courbe montre la sensibilité de la demande à la variation des prix

Pour mesurer l’évolution de la demande en fonction de l’évolution des prix, on peut mesurer l’élasticité-prix de la demande

 ep= taux de variation de la demande/taux de variation des prix.

Normalement, lorsque le prix augmente, la demande baisse et lorsque le prix baisse, la demande augmente : comme prix et demande varient en sens inverse, l’élasticité-prix est négative pour les biens normaux.

Mais, parfois, pour certains biens, comme le prix augmente la demande augmente, l’élasticité-prix est donc positive, ce sont des biens anormaux.

Si la demande d’un bien est très sensible à la variation des prix, c’est-à-dire par exemple, si la demande baisse beaucoup lorsque les prix augmentent peu, on dit que le bien est très élastique (ep < -1). 

Si l’élasticité est proche de 0, cela signifie que la demande est peu sensible à la variation des prix. On dit que le bien est peu élastique au prix.

-> lorsque la courbe de demande se déplace, cela signifie que pour un même prix les quantités demandées augmentent. La demande peut ainsi augmenter parce que le revenu des consommateurs augmente, parce que les préférences des consommateurs changent ou parce que le prix des autres biens varie. 

Lorsque les biens sont substituables, la hausse du prix de l’un peut se traduire par la baisse de sa demande, et par la hausse de la demande de son substitut (par exemple, si le prix du riz augmente, la demande de pâtes va augmenter).

Lorsque les biens sont complémentaires, la baisse du prix de l’un peut entrainer la hausse de sa demande, et donc aussi celle du bien qui lui est complémentaire (par exemple, si le prix des téléphones portables baisse, leur demande va augmenter et celle des câbles USB aussi.)
 

b) Les déterminants de l’offre

L’offre émane des producteurs. L’intérêt des producteurs est de vendre au prix le plus élevé possible, tout du moins à un prix supérieur à son coût de production.
 

Le bénéfice total de l’entreprise augmente tant que le coût de la dernière unité produite, qu’on appelle le coût marginal, est inférieur ou égal au prix de vente.
 

Quand le prix augmente, l’offre augmente car peuvent venir sur le marché des producteurs qui ont des coûts de production plus élevés. Quand le prix baisse, l’offre baisse, car les producteurs qui ont les coûts de production les plus élevés doivent se retirer du marché.

Remarque : il ne faut pas confondre le déplacement sur la courbe d’offre avec le déplacement de la courbe d’offre. 

Quand on se déplace sur la courbe, c’est que les prix varient et que cela fait varier les quantités offertes.

La courbe d’offre se déplace lorsque pour un même prix de marché les quantités offertes varient. Le déplacement de la courbe d’offre correspond à un évènement extérieur qui touche les coûts de production ou les capacités productives des entreprises.

c) L’équilibre du marché

Quand le prix augmente, la demande baisse, car le produit coûte plus cher au consommateur, il en achète moins. A l’inverse, quand le prix baisse, la demande augmente : la demande est donc une fonction décroissante du prix.
 

Quand le prix augmente, l’offre augmente car peuvent se maintenir sur le marché des producteurs qui ont des coûts de production élevés. A l’inverse, quand le prix baisse, l’offre baisse : l’offre est donc une fonction croissante du prix.
 

Sur le marché, l’offre rencontre la demande : lors de cette rencontre, c’est un équilibre qui se crée où l’offre est égale à la demande : se fixent alors un prix d’équilibre et une quantité d’équilibre.

 

Par exemple, sur le marché des capitaux :

L’offre de capitaux émane des agents à capacité de financement : ils souhaitent prêter leur argent, moyennant une rémunération par le taux d’intérêt qu’ils percevront.

La demande de capitaux émane des agents à besoin de financement : ils souhaitent emprunter de l’argent, ce qui leur coûtera des intérêts.

Le taux d’intérêt est donc le prix sur le marché des capitaux : il correspond à la rémunération des prêteurs et au coût pour l’emprunteur.

Le marché des capitaux réel correspond assez bien au marché théorique de concurrence pure et parfaite.
 

Par exemple, sur le marché du travail :

L’offre de travail émane des travailleurs (c’est la demande d’emplois).
La demande de travail émane des entreprises (c’est l’offre d’emplois).
Le prix du travail est le coût du travail c’est-à-dire le salaire +les cotisations sociales.

Si le marché du travail était un marché de concurrence pure et parfaite, il y aurait une égalité de l’offre et de la demande de travail, c’est-à-dire qu’il n’y aurait pas de chômage, ni de pénurie de main d’œuvre.

Or, le marché du travail n’est pas un marché de concurrence pure et parfaite parce que :

  • le marché du travail n’est pas un marché comme un autre, parce que le travail n’est pas un bien ou un service comme un autre, il n’est pas homogène ni mobile et le salaire n’est pas un prix comme un autre car c’est un moyen de subsistance
  • sur le marché du travail, l’Etat a fixé un salaire minimum supérieur au salaire d’équilibre : le SMIC.

e) Les effets de l’instauration d’une taxe

On appelle taxe forfaitaire une taxe qui est identique quel que soit le revenu des individus et quel que soit le prix du produit, comme par exemple la taxe soda.

Avec une taxe, le prix de vente augmente pour les consommateurs mais le prix reçu par les vendeurs diminue. L’offre et la demande diminue donc. Les quantités échangées vont baisser et le prix de vente va augmenter.
 

Les effets d’une augmentation de l’offre ou de la demande

Les conséquences d’une modification de la demande

Le déplacement de la courbe de demande correspond à un évènement qui affecte les goûts ou les besoins des consommateurs, donc leur consommation, et qui déplace donc la courbe de demande.

Si la demande augmente (la courbe se déplace vers la droite), toutes choses égales par ailleurs (ceteris paribus), les quantités échangées vont augmenter et les prix aussi : les consommateurs veulent acheter plus, et si l’offre n’augmente pas, ils devront payer plus cher.

Si la demande baisse (la courbe se déplace vers le bas), toutes choses égales par ailleurs, les quantités échangées vont diminuer et les prix aussi. 
 

Les conséquences d’une modification de l’offre

Le déplacement de la courbe d’offre correspond à un évènement extérieur qui affecte directement les coûts de production ou les capacités productives des entreprises, ce qui fait se déplacer la courbe d’offre.

Si l’offre augmente (la courbe se déplace vers la droite), les quantités échangées augmentent et les prix baissent : les entreprises vont produire plus et moins cher.

Si l’offre baisse (la courbe se déplace vers la gauche), les quantités échangées baissent et les prix augmentent.
 

Les gains à l’échange : surplus du consommateur, surplus du producteur

Dans un marché concurrentiel, au prix d’équilibre, certains consommateurs sont plus que satisfaits car ils paient un prix inférieur que celui qu’ils étaient prêts à payer. Le surplus du consommateur est la différence entre le prix que les consommateurs étaient disposés à payer et le prix du marché.

De même, les producteurs gagnent la différence entre le prix du marché et le prix auquel ils étaient disposés à vendre : c’est le surplus du producteur.