Chapitre 2 : Comment les marchés imparfaitement concurrentiels fonctionnent-ils ?

6 janvier 2021
in Partie 1 : Science économique
Première
  1. Quelles sont les principales sources du pouvoir de marché ?

Pourvoir de marché = capacité d’une entreprise à fixer les prix de vente qu’elle souhaite en particulier à un niveau qui plus élevé que celui de la concurrence pure et parfaite.

  • 1.1 Les ententes

Une entente est un accord entre des offreurs déjà présent sur un marché pour limiter la concurrence qui s’exerce entre eux (par exemple, en se mettant d’accord pour pratiquer des prix élevés).

  • 1.2 Les barrières à l’entrée

On appelle barrières à l’entrée tout ce qui entrave ou retarde l’entrée (ou la sortie) de nouvelles entreprises sur un marché, donc ce qui réduit ou limite la concurrence et par conséquent permet et maintient le pouvoir de marché des entreprises présentes sur le marché (l’hypothèse de libre entrée sur le marché est donc remise en cause).

En particulier des coûts de production trop élevés, des contraintes réglementaires ou des technologiques peuvent constituer des frais à l’installation des entreprises.

  • 1.3 Un nombre limité d’offreurs :

Un monopole est une situation de marché caractérisée par un seul offreur face à une multitude de demandeurs.

Un oligopole est une structure de marché caractérisée par quelques offreurs face à une multitude de demandeurs.

On parle de monopole légal lorsque la loi impose la présence d’un seul producteur sur le marché.

Un brevet protégeant l’innovation d’une entreprise permet à celle-ci d’avoir un monopole temporaire.

On parle d’un monopole naturel lorsqu’un producteur unique s’impose sur un marché du fait de l’existence d’économies d’échelle

  1. Le monopole
  2. Le monopole, faiseur de prix

On dit que le monopole fait le marché car il décide seul du prix du vente et de la quantité de produits qu’il met sur le marché. Il n’a pas à se préoccuper de concurrents.

Mais, le pouvoir de marché du monopole n’est pas illimité, il dépend de la sensibilité des consommateurs par rapport au prix, ce que les économistes nomment l’élasticité-prix de la demande.

Si les consommateurs sont très sensibles au prix car le produit proposé n’est pas indispensable, alors le pouvoir de marché du monopole est limité.

En revanche, si les consommateurs sont peu sensibles au prix car le produit est indispensable et sans substitut proche, alors le pouvoir de marché du monopole est élevé.

Il s’agit donc de comprendre comment à partir des coûts de production du monopole et du comportement de la demande, le monopole fixe son prix.

  1. L’équilibre du monopole n’est pas efficace

En situation de concurrence pure et parfaite, la recette marginale est égale à la recette moyenne et correspond au prix de vente : quel que soit le nombre de produits vendus le prix est le même et fixé par le marché. (C’est une droite)

En situation de monopole, la recette moyenne correspond à la courbe de demande qui exprime quelle est la quantité qui va être demandée en fonction du prix (plus c’est cher, moins de gens vont en acheter. La recette marginale va aussi être décroissante et inférieure à la recette moyenne, car si l’entreprise veut vendre un bien supplémentaire, elle va devoir baisser son prix de vente.

Dans les deux situations, l’équilibre sera fixé au niveau où le coût marginal est égal à la recette marginale, c’est-à-dire que l’entreprise produit tant que sa dernière unité produite ne lui coûte pas plus chère qu’elle ne lui rapporte.

Le monopole conduit à un équilibre moins efficace pour le consommateur que la situation de concurrence pure et parfaite car il mène à des prix plus élevés qu’en situation de concurrence et à des quantités échangées inférieures.

  1. Qu’est-ce qu’un oligopole ? dilemme du prisonnier

Un oligopole est une structure de marché caractérisée par quelques offreurs face à une multitude de demandeurs.

3.1 Le dilemme du prisonnier

Le dilemme du prisonnier montre que si les entreprises en situation d’oligopole prennent des décisions sans se coordonner avec les autres et en cherchant son intérêt personnel alors les stratégies choisies ne sont pas les meilleures pour les entreprises (mais certainement les meilleures pour les consommateurs). Les intérêts individuels de chaque entreprise s’opposent à leur intérêt collectif.

Ce dilemme explique pourquoi les entreprises en situation d’oligopole peuvent être incités à s’entendre et former des cartels.

3.2 L’exemple de l’oligopole dans la téléphonie mobile

Question 2

Si Bouygues maintien ses prix, SFR a intérêt à les baisser car il gagnerait 5 Mds d’€ contre 3 Mds d’€.

Si Bouygues baisse ses prix, SFR a intérêt à les baisser aussi car il gagnerait 1 Md d’€ contre 0 Md d’€.

Finalement SFR va baisser ses prix.

Question 3

Si SFR maintien ses prix, Bouygues a intérêt à les baisser car il gagnerait 5 Mds d’€ contre 3 Mds d’€.

Si SFR baisse ses prix, Bouygues a intérêt à les baisser aussi car il gagnerait 1 Md d’€ contre 0 Md d’€.

Finalement Bouygues va baisser ses prix.

Question 4

L’application du dilemme du prisonniers à un duopole montre que les 2 entreprises vont choisir une solution non coopérative de guerre des prix. Ce n’est pas la stratégie le plus satisfaisante, il aurait été préférable que les 2 entreprises maintiennent leur prix (rappelons que le jeu est basé sur l’hypothèse d’une non communication entre les entreprises).

Question 5

Si les entreprises peuvent communiquer et se coordonner, il est fort probable qu’elles cherchent à éviter cette guerre des prix en passant une entente.

  1. La politique de la concurrence augmente le surplus du consommateur
  2. Qu’est-ce que la politique de la concurrence ?

La politique de concurrence désigne donc l’ensemble des moyens pour prévenir ou sanctionner les comportements des entreprises jugés anti-concurrentiels.

Les autorités de la concurrence considèrent que les mécanismes de la concurrence sont favorables pour le consommateur :

  • face à la concurrence, une entreprise est obligée d’innover et donc de proposer des produits attractifs (innovations de produits). Cela favorise la liberté de choix des consommateurs
  • pour accroître ou au moins préserver sa part de marché, elle doit contenir ses prix donc réaliser des gains de productivité (innovations de procédés) qui permettent la baisse des coûts de production et donc des prix pour les consommateurs

On considère que la concurrence entre les entreprises doit être loyale (concurrence libre et non faussée)

  • Les entreprises doivent être sur mise dans les mêmes conditions, elles ne doivent pas être aidées par les pouvoirs publics alors que d’autres ne le seraient pas.
  • Les marchés ne doivent pas être mis entre les mains de monopoles publics mais ouvert à la concurrence
  1. Comment la politique de la concurrence s’exerce t’elle ?

Un cartel est une entente entre quelques entreprises pour éviter de se faire concurrence. Ce type de pratique s’observe sur les marchés d’oligopole.

L’entente peut porter sur :

  • la fixation des prix (cartel de la lessive condamné en 2011)
  • la répartition géographique des marchés (cartel des vitamines condamné en 2001 en fonction de la structure des coûts de transport des entreprises)
  • la répartition des types de client (cartels de la bière au Luxembourg en 2008 = quand une brasserie avait un client hotel-café-restaurant, les autres brasseries ne venait pas la concurrencer…)
  • la détermination de quotas de production (cartel de l’Opep)

Les cartels sont interdits par la loi mais difficile à détecter. Plusieurs entreprises peuvent fixer des prix identiques sans s’être entendue (se caler sur la plus performante, réaliser une importante surveillance du marché pour fixer leur prix)

Les sanctions infligées en Europe sont des amendes calculées à la hauteur du préjudice pour le consommateur.

Par exemple, le cartel des constructeurs de téléviseur (sept entreprises dont Philips et LG Electronics) a été condamné à payer 1,47 milliard d’euros pour s’être entendues pendant 10 ans sur les prix des tubes cathodiques.  C’est la plus grosse amende infligée par la Commission européenne pour une affaire de cartel.

Face à la difficulté de détecter les cartels, les autorités de la concurrence ont mis en place un instrument redoutable : les « programmes de clémence ». Les sanctions financières pour les firmes qui dénoncent un cartel auquel elles participent sont allégées voire même annulées.

-la lutte contre les abus de position dominante.

On dit qu’une entreprise est en position dominante quand elle détient une très grosse part de marché (pas de seuil légal, les autorités de la concurrence examinent au cas par cas). Le traité de Rome ne condamne pas en soi la position dominante, mais seulement son abus.

On parle d’abus de position dominante quand une entreprise utilise sa position dominante sur un marché pour imposer des conditions inéquitables pour les concurrents et préjudiciable à terme aux consommateurs.

-le contrôle des opérations de concentration

Une fusion est une mise en commun des patrimoines de deux ou plusieurs sociétés, qui aboutit à la constitution d’une nouvelle entreprise ou à une prise de contrôle de l’une par l’autre.

Les fusions acquisition d’entreprise entre elle constitue des opérations de concentration

On dit qu’un marché est concentré lorsqu’il est dominé par quelques grandes entreprises ou groupes d’entreprises qui réalisent la plus grande partie de la production est des ventes.

Pour prévenir les risques liés aux positions dominantes, les autorités de la concurrence contrôlent les opérations de fusion-acquisition et ne les autorisent que sous certaines conditions.

En luttant contre ces pratiques anti-concurrentielles, les pouvoirs publics cherchent à augmenter le surplus du consommateur que permet un meilleur respect de la concurrence : baisse des prix et hausse des quantités produites.