Chapitre 3 : Quels sont les processus sociaux qui contribuent à la déviance ?

  1. Qu’est-ce que la déviance ?

Définition : la déviance et/ou la désignation d’un acte comme déviant se définissent comme une transgression des normes.

Les normes sont des règles : elles peuvent être sociales ou juridiques (= une loi). Lorsque l’on transgresse une norme, qu’elle soit juridique ou sociale, c’est de la déviance, quand on transgresse une norme juridique c’est de la délinquance. La délinquance est donc une forme particulière de déviance

Par la socialisation, les acteurs sociaux transmettent les normes et les valeurs auxquelles les individus doivent se conformer. La société met en œuvre des mécanismes pour que les individus se conforment aux normes : cela s’appelle le contrôle social.

Le contrôle social formel est mis en œuvre par des institutions spécialisées (police, justice, école, église)

Le contrôle social informel est exercé par une pression diffuse de l’entourage, des amis, de la famille.

Dans les sociétés traditionnelles, où la solidarité est mécanique, le contrôle social s’exerce essentiellement au sein des groupes primaires (famille, voisinage, corporation,….) Ce contrôle social informel était puissant du fait des modalités de fonctionnement de la société (liens sociaux forts).

Dans les sociétés modernes, où la solidarité est organique, depuis les années 1960, le contrôle social informel s’affaiblit du fait de la montée de l’individualisme et de l’urbanisation : en réaction, la police et la justice sont de plus en plus sollicitées afin de réprimer les comportements déviants. Les institutions spécialisées de l’Etat étendent progressivement leur contrôle sur la vie des citoyens (ex relations conjugales, place de l’enfant,…)

Plus les relations sociales deviennent informelles, plus le contrôle social par des instances spécialisées tend à prédominer sur le contrôle informel exercé par les groupes primaires

  1. La déviance peut recouvrir des formes variées selon les sociétés et selon les groupes sociaux

Pour être déviant, il faut ne pas être conforme aux normes et être étiqueté comme tel. Or, comme les normes varient selon les sociétés et les groupes sociaux, un comportement peut être déviant pour cette culture et pas pour d’autres. Cela dépend des lois et des règles sociales de chaque société et de chaque groupe social.

  1. La déviance est le résultat de différents processus sociaux

La déviance est une suite d’interactions sociales qui aboutissent à étiqueter certains comportements comme déviants

Transgresser une norme ne suffit pas pour être considéré comme déviant, il faut que cela se sache, que ce soit visible, il faut que le comportement soit étiqueté comme déviant par les autres. C’est alors le contrôle social, la société qui crée la déviance : on ne naît pas déviant, on le devient sous le regard des autres. 

On distingue la déviance primaire : transgression de la norme de la déviance secondaire : étiquetage par les autres d’un comportement déviant. On parle alors de stigmatisation : c’est parce que les autres considèrent notre comportement comme déviant que l’on devient déviant.

La déviance se construit par un processus d’interactions sociales : être déviant c’est transgresser une norme et être étiqueté comme tel (on peut être déviant secrètement ou sans le savoir.

Ce sont les « entrepreneurs » de moral qui identifient des pratiques comme déviantes.

Lorsqu’un groupe accorde une étiquette péjorative à un autre, on parle de stigmatisation. Les individus stigmatisés peuvent alors intérioriser cette image négative et accentuer leur comportement déviant.

L’individu peut alors soit revenir à la norme dominante, soit renforcer son comportement déviant en cherchant d’autres individus pour partager la même norme transgressée et former un groupe social.

Certains individus apprennent à être déviants dès le plus jeune âge : ils apprennent à transgresser une ou des normes, intègre un groupe déviant, apprennent les nouvelles normes du groupe déviant : on peut alors parler de carrière déviante dont on peut sortir ou pas. 

  1. Comment mesurer la délinquance ?

4.1 La délinquance : une forme particulière de déviance

-la délinquance n’est qu’une forme particulière de déviance : celle qui conduit à une sanction pénale Exemples

-comme pour la déviance en général, on ne devient délinquant que lorsqu’on est étiqueté comme tel : par exemple, tous les individus à un moment donné transgressent les règles du code de la route, ils ne sont considérés comme délinquants que le jour où ils se font attraper c'est-à-dire sanctionner par les instances du contrôle social formel

Une pratique peut devenir un acte délinquant par changement de la loi (exemple : l’occupation des halls d’immeuble) alors qu’une autre peut être dépénalisée (exemple : certaines formes de délinquance financière)

4.2 La mesure de la délinquance

  La mesure de la délinquance pose problème car on mesure surtout le travail des services de police : mieux ils travaillent, plus la délinquance augmente.

De plus, la délinquance mesurée ne relève que des plaintes déposées : on parle de chiffre noir de la délinquance la différence entre la criminalité réelle et celle mesurée.

Du coup, les statisticiens proposent de compléter les chiffres des déclarations de police avec ceux des enquêtes de victimation, qui mesure les déclarations des individus en matière de délinquance subie.