Chapitre 2 : Comment se construisent et évoluent les liens sociaux ?

  1. La diversité des liens sociaux

Les liens qui relient les individus au sein des différents groupes sociaux (famille, groupe de pairs, groupe professionnel, associations, réseaux sociaux,… ) sont divers : liens familiaux, liens amicaux, liens professionnels, liens politiques, liens associatifs Les relations qui unissent les individus entre eux sont plus ou moins directes, plus ou moins profondes, elles naissent dans des circonstances différentes mais elles ont pour point commun le fait de rapprocher les individus entre eux, de les unir. On regroupe toutes ces relations sous la notion de lien social, c’est à dire l’ensemble des relations qui unissent les individus dans leur vie quotidienne et assurent ainsi l’unité, la cohésion sociale de la société. Le lien social est donc le ciment qui fait qu’une société tienne ensemble, c’est lui qui explique que les individus si différents qui composent la société, forment un tout au sein de la société à laquelle ils appartiennent, dans laquelle ils sont intégrés.

  1. Groupe social et catégorie sociale

Il existe de nombreux critères qui permettent de classer les individus dans différentes catégories sociales, mais pour former un groupe social, il faut que la catégorie sociale soit homogène et qu’il y ait une interaction entre plusieurs personnes qui se définissent comme appartenant au même groupe social.

Les PCS sont une nomenclature mis en place par l’INSEE afin d’étudier la structure sociale. Il s’agit donc de regrouper les individus dans des catégories statistiques en fonction de différents critères. L’objectif est d’obtenir des catégories homogènes socialement c’est à dire qui vont regrouper des individus qui se ressemblent, qui ont des pratiques sociales et culturelles similaires. Il n’y a ici aucune logique de hiérarchisation, il s’agit d’un simple regroupement statistique en catégories sociales.

Il y a 8 catégories socioprofessionnelles, 6 regroupent des actifs et 2 des inactifs.

Logique de construction : 

Logique de constuction

Remarque : 

  • A aucun moment le critère de revenu n’apparaît dans la nomenclature.
  • Cette nomenclature est utile pour étudier la structure sociale car elle permet à la fois de mettre en évidence les évolutions de la structure sociale et les différences sociales.
  • Cette nomenclature n’est pas sans défauts parce que les catégories ne sont pas toujours très homogènes et parce que certaines évolutions de la société le rende moins pertinente (ex : la montée de la précarité remet en cause le regroupement professionnel car on sein d’une même on aura des situations très différentes selon le degré de précarité de l’emploi)
  1. L’évolution des formes de solidarité
  2. Le processus d’individualisation change les formes de solidarité

Le processus d’individualisation caractérise les sociétés modernes ; les individus revendiquent leur autonomie et leur indépendance vis-à-vis des groupes sociaux traditionnels (famille, religion, village) ce qui conduit à une transformation des liens sociaux : les individus continuent de former des groupes sociaux mais ils considèrent de plus en plus les liens qui les unissent à ces groupes comme des liens choisis qui ne doivent pas entraver leur épanouissement personnel. Il ne faut pas retenir que les dangers qui accompagnent la montée de l'individualisme. L'individualisation ne doit pas être confondu avec l’individualisme. L’individualisme est un comportement qui consiste à ne penser qu’à son intérêt particulier. L’individualisation est un processus d’épanouissement, de prise en compte dans les sociétés de l’importance de l’individu: la liberté ne s'oppose pas à  la solidarité, l'autonomie ne conduit pas nécessairement à  l'isolement.

  1. De la solidarité mécanique à la solidarité organique

Les formes du lien social évoluent selon les sociétés. Durkheim distingue deux formes historiques de solidarité sociale.

  1. La solidarité mécanique qui caractérise les sociétés dites traditionnelles : forme de lien social et principe d’organisation de la société fondé sur la similitude des membres du groupe.

Dans ces sociétés, les individus membres sont très peu différenciés, mais semblables et interchangeables dans leurs fonctions économiques. Ainsi, « la conscience collective recouvre exactement notre conscience totale et coïncide de tous points avec elle : mais à ce moment, notre individualité est nulle (...), nous ne sommes plus nous même mais l’être collectif ».

Chaque individu adhère à des valeurs et des croyances communes, il est fortement intégré au groupe, la conscience collective domine avec force les consciences individuelles.

  1. La solidarité organique qui caractérise les sociétés modernes (ou industrielles) : forme de lien social et principe d’organisation de la société fondé sur la complémentarité et la différenciation des membres du groupe.

Cette nouvelle forme de solidarité n’est pas fondée sur la ressemblance et l’interchangeabilité de ses membres mais sur leurs différences et leur complémentarité. La conscience collective, tout en restant présente, impose une coercition moindre en laissant, de par leurs différences, des possibilités d’action aux individus (importance accrue des consciences individuelles).

Là où la solidarité mécanique créait un lien social entre les individus fondé sur leur ressemblance (accompagné d’une conscience collective fortement coercitive), la solidarité organique instaure un lien social fondé sur leurs différences et donc implique une situation d’interdépendance entre eux (la conscience collective est dans ce cas moins coercitive).

La thèse centrale développée par Durkheim est que la division du travail social produit de la solidarité sociale. Elle a donc une action paradoxale car d’une part elle permet une différenciation, une individualisation des membres de la société; mais d’autre part, elle renforce la cohésion sociale, car chaque individu a d’autant plus besoin des autres pour vivre, parce qu’il est lui-même spécialisé dans une activité (situation d’interdépendance).

Pour Durkheim cependant, l’apparition de nouveaux liens sociaux, liés à la complémentarité n’a pas fait disparaître les liens communautaires (par ex, l’importance de la famille)

  1. Comment les nouvelles sociabilités numériques contribuent-elles au lien social ?

L’utilisation des NTIC est très différente selon les PCS et l’âge. Les PCS favorisées et les séniors utilisent moins les réseaux sociaux et davantage pour y puiser du contenu ou pour des raisons utilitaires.

Les sociabilités numériques c’est-à-dire les liens sociaux crées par internet ne sont pas totalement des liens sociaux réels : la majorité des amis virtuels sont aussi des amis que l’on côtoie dans le monde réel. Dans ce sens, les sociabilités numériques viennent renforcer les liens sociaux existants. Elles permettent aussi de réactiver d’anciennes relations sociales et d’en créer de nouvelles.

  1. Pourquoi les individus sont-ils exposés à l’affaiblissement ou à la rupture des liens sociaux ?

Certaines transformations sociales récentes peuvent provoquer un affaiblissement des liens sociaux :

-les transformations de la famille

-la montée du chômage et de la précarité 

-la ségrégation spatiale (enclavement des zones rurales, disparition des services publics)

Ces facteurs de fragilisation du lien social sont souvent cumulatifs. 

Le terme d’exclusion sociale en sociologie a été remplacé par celui de désaffiliation (R.Castel) . Il ne présente pas que la pauvreté comme facteur explicatif mais plutôt un processus progressif de rupture des liens sociaux (en particulier les liens professionnels et familiaux). S.Paugam parle lui plutôt de disqualification pour exprimer l’idée que cette rupture progressive des liens sociaux s’accompagne d’un processus de stigmatisation (« disqualification ») des individus qui se voient progressivement affubler de l’étiquette d’assistés.